LA CASA SAN JOSE 2005 Aux confins de la Colombie et du Brésil, San Pablo de Loreto est une bourgade péruvienne d’environ 2 000 habitants, qui s’étend sur une rive de l’Amazone. On y édifia en 1926 un camp de lépreux enclos de fils barbelés et veillé par un garde armé. Nul n’avait le droit d’entrer ni de sortir. Les malades des trois pays y étaient abandonnés à leurs propres moyens, oubliés même des agents de recensement. Dans les années 1950 arrivent des missionnaires Franciscains, des Sœurs Hospitalières de San José et des médecins. Les enceintes tombent, les familles des malades viennent s’installer ; Che Ernesto Guevara séjourne même un mois à San Pablo en 1952 – le souvenir en reste vif. Peu à peu s’édifie un village d’aspect normal, où vivent les malades valides, avec leur famille. Ne restent dans la léproserie – la « Casa San José » – que les malades impotents et grabataires : ils étaient 31 lors de mon séjour. Je suis arrivé à la Casa San José pour accompagner une mission médicale, pendant l’été 2005. Craignant de paraître voyeur, je me refusais à photographier les malades : ce sont eux-mêmes qui, apprenant mon rôle de photographe m’y ont convié. D’où une forme de bienveillance, voire de joie, qui émane de la plupart des portraits de cette série.